Est-ce bien vous, Dame Dorothea,
[cdb]qu'on appelait la Diva mystique ?
Eh bien, oui. C'est moi. Vous l'ignoriez ?
Oui, je n'avais pas fait le lien... Mais j'ai fini
[cdb]par comprendre. J'ai du mal à croire que c'est
[cdb]vraiment vous.
Il faut dire que l'endroit ne se prête guère
[cdb]à la chansonnette. Je ne suis pas étonnée
[cdb]qu'il vous ait fallu du temps pour me remettre.
Quand même, j'aurais pu être plus rapide !
Votre nom, votre maintien si altier, tout en vous
[cdb]rappelle la dame Dorothea que j'ai vue
[cdb]à la capitale !
Je n'arrive pas à croire que vous soyez là,
[cdb]devant moi... Je suis tellement bouleversée
[cdb]que j'ai les jambes qui flageolent !
Allons, allons. C'est du passé, tout ça.
Je ne suis plus désormais qu'une alliée
[cdb]comme une autre.
Non ! Vous êtes très différente !
Toutes les jeunes filles de la capitale rêvaient
[cdb]d'être à votre place. Des années durant, j'ai essayé
[cdb]de me procurer un billet pour l'un de vos opéras.
Mais quand j'en ai enfin obtenu un, je me suis
[cdb]retrouvée mal placée : je voyais à peine la scène.
J'étais si loin que je distinguais mal votre visage.
Ou même le reste de votre corps.
C'est sûrement pour cette raison que
[cdb]je ne vous ai pas reconnue tout de suite.
En tout cas, je suis flattée que vous ayez assisté
[cdb]à l'une de mes représentations, et désolée que
[cdb]votre place ait été si éloignée.
Oh, mais je ne m'attendais pas à ce que
[cdb]les costumes et la mise en scène soient
[cdb]aussi somptueux et émouvants !
J'ai été captivée par vos chants. Ils m'ont
[cdb]littéralement percutée dans mon petit recoin,
[cdb]depuis le centre de la scène.
Le souvenir de ce moment me donne
[cdb]encore le sourire... Hé hé !
Je n'aurais jamais cru que vous nourrissiez
[cdb]une telle passion pour l'art, Monica. Euh, Monnie ?
Vous êtes toujours avec moi ?
Oh ! Veuillez m'excuser, Dame Dorothea !
J'étais plongée dans mes souvenirs.
Je ne vous en veux pas. Par contre, évitez de me
[cdb]donner constamment de la « Dame », voulez-vous ?
Je trouve cela perturbant.
Si vous y tenez... Dorothea.
Vous savez, je suis étonnée que vous ne soyez pas
[cdb]retournée à l'opéra quand la guerre a éclaté.
Vous n'êtes pas la seule. Si je suis restée,
[cdb]c'est principalement parce qu'Edie et moi
[cdb]étions camarades de classe, mais...
Je me contenterai de dire qu'il s'est passé bien
[cdb]des choses. Et je suis là !
C'est un grand honneur de combattre à vos côtés,
Dame... Pardon, Dorothea.
Ha ha ! Je me demande si je ne vais pas vous
[cdb]appeler Dame Monica, histoire de me venger.