- Bon sang, j'ai dormi trop longtemps. Une petite
[cdb]partie de pêche m'aidera à m'éclaircir les idées.
- Je vous ai entendu, Linhardt.
- Oui, je vois ça. Voulez-vous venir pêcher ?
- Ah ! U nostre amorsail en aigage mergerons ?
Quel poisson... Pesche ? Non, je sais, pescherie !
Quele pescherie esperée ?
- Euh...
- Naguère souventement en peschage parti-je.
Oh, par ma foï ! Molte proi j'eu preng !
- D'ore ci apres enconoistrez-vou mieux
[cdb]li pescheux aigages. Pri vos, me guider.
- Oh, c'était très beau.
- C'est la lettre d'amour qui vous a motivée ? C'est vrai,
[cdb]vous aviez dit que vous étudieriez le vieux Fódlan.
- Je me demandais ce qui vous prenait, avec vos
« nostre » et vos « molt. »
- Le vieux Fódlan me donne beaucoup plus de fil
[cdb]à retordre que la langue actuelle.
- Je veux bien vous croire. Presque plus personne
[cdb]ne sait l'écrire, encore moins le parler.
- Je suis très impressionné, Petra.
Vous avez fait un travail remarquable.
- Je parie que même en traversant le continent,
[cdb]on ne trouverait pas plus d'une poignée de
[cdb]personnes capables de s'exprimer ainsi.
- Il faut dire que l'utilisation de ces tournures
[cdb]remonte à l'époque où la Déesse elle-même
[cdb]arpentait ces terres.
- Les gens qui parlent de cette manière
[cdb]sont donc peu nombreux ?
- J'ai fourni de bien gros efforts pour apprendre
[cdb]à parler comme tout un chacun en Fódlan.
- Et maintenant, je pensais avoir réussi,
[cdb]mais je me suis trompée du siècle.
- Au contraire, vous pouvez être fière de vous !
Cela montre que vous avez un véritable don
[cdb]pour les langues.
- Vous n'êtes même pas originaire de Fódlan et
[cdb]pourtant, vous maîtrisez nostre langue mieux
[cdb]que nostres érudits. C'est fascinant.
- Vous estes fascinante, Petra. Ha ha !
- Je n'ai pas saisi la drôlité.
- Les habitants de Fódlan ne s'expriment
[cdb]en vrai jamais de cette manière ?
- Si, mais seulement les acteurs professionnels
[cdb]ou pour plaisanter. Mais peut-être que vous
[cdb]êtes pionnière d'une nouvelle mode.
- En fait, j'aimerais qu'on trouve un moment
[cdb]de la semaine pour que vous m'entraîniez,
Professeure Petra.
- Moi, votre professeure ? Excellentissime idée !
- D'habitude, c'est vous qui m'enseignez tellement
[cdb]de choses. Je vais finalement pouvoir vous rendre
[cdb]le pareil.
- J'en regretterais presque que votre avenir
[cdb]soit tout tracé, en tant que reine de Brigid.
- Vous feriez une chercheuse digne de ce nom.
J'aurais presque envie de vous en convaincre.
- Une... chercheuse ?
- Oui, une érudite, en quelque sorte.
C'est un métier qui exige passion et
[cdb]chance, ce dont vous êtes pourvue.
- Ah bon ?
- Eh bien, de la passion, vous en avez à revendre
[cdb]et vous savez travailler dur. Reste la chance.
- De ce côté-là, votre vie n'a pas l'air d'être trop
[cdb]désagréable : on vous envoie des lettres
[cdb]enflammées en plein conflit armé !
- D'ailleurs, avez-vous donné suite ?
- Je l'ai repoussé, nous ne nous reverrons plus.
- C'est vrai ? Je meurs d'envie d'en savoir plus, mais...
Écoutez, réfléchissez à ce que je vous ai dit.
Vous feriez une érudite de premier ordre.